La cravate : un accessoire de mode pas si accessoire que ça !
On a toujours tendance à classer cet élément du vestiaire masculin dans la caste des petits « à côté » qui, certes font souvent la différence sur une silhouette, mais qui ne détermine pas toujours le style à proprement parlé : une garniture…
Et si la cravate était en fait bien plus que cela ? Si elle était devenue un véritable marqueur social, une étiquette tout autant physique que générationnel, un symbole socio-culturel ?
Regardons par exemple notre biotope politique. Encore très récemment, en 2017, survenait une polémique en France et chez nos amis grands-bretons, concernant ce soi-disant agrément vestimentaire.
Cravate rouge pour Noël @big
On a ainsi vu débouler dans les deux parlements respectifs de ces belles nations de mode, des députés un peu frondeurs ayant décidé de braver les traditions de leurs institutions et arborant un vide sidéral à leurs cols normalement dûment encravatés.
Côté français, une action censée malmener un système trop conservateur (celui du Palais Bourbon), mais qui n’enfreignait finalement aucun règlement, puisque le port de la cravate n’est en rien obligatoire. Il n’en reste pas moins que l’usage et les mœurs assez classiques de cette vénérable institution ont peu goûté l’idée et la forme de cette revendication silencieuse. On a entendu d’autres députés s’insurger contre ce manque de reconnaissance de la solennité du lieu, de respect envers les électeurs et la démocratie, et tirer la sonnette d’alarme au « political fashion faux pas » !
Dans le sillage de ces nouveaux « punk » du Palais Bourbon, les british leur ont embrayé le pas (pour une fois que les tendances vont dans ce sens-là !), et quelques jours plus tard, c’est un député britannique qui a suscité le débat à la très stricte Chambre des Communes, en venant assister lui-aussi à une session de travail sans cravate. Le Président a rapidement clôt les discussions en arguant que ce « fashion rebel" nouvelle génération était en tenue correcte et que c’était ce qui importait le plus, la question de la cravate n’étant finalement pas une priorité. Don’t act !
Interview par les médias d'hommes en cravate et costume @big
Quel enjeu donc dans cette lutte des styles, cette révolte de la cravate ?
Une forme de défiance de l’autorité certainement, incarnée par cet objet souvent porté par les bureaucrates plus que par les ouvriers et lui conférant une aura de formalité dans un milieu où chaque geste, chaque posture est décryptée cent mille fois par les médias. En faisant tomber la cravate, on pense privilégier la pratique aux théories, on se désolidarise d’une certaine classe, on se diversifie.
Raisonnement totalement schyzophrène quand on pense simplement à travers le spectre initial de l’habillement, de la tendance ou des accessoires qui de nos jours, prône la mode pour tous, la possibilité d’être élégant et de suivre ses envies ou ses propres choix, et dont le parti pris est bien plus dans la démocratisation de la mode plutôt que dans la déclassification systématique.
La cravate, ou plutôt le port ou non de la cravate utilisé comme outil de propagande est néanmoins symptomatique de l’évolution de notre rapport à l’image et de l’importance de cette dernière dans la vision d’autrui. Hors ces aparté politico-politiciens, pour une majorité de français, la cravate est encore un symbole de raffinement qui donne confiance en soi, ce qui tendrait à prouver que vouloir se montrer élégant en toute circonstance, ne peut avoir que de bonnes répercussions dans nos rapport avec autrui.
La cravate déclinée à l’infini :
On a vu les origines de ce nœud de tissu, apporté en France par des soldats croates sous le règne de Louis XIII et qui conférait à ces fiers guerriers, une distinction certaine, même lors des combats. Aujourd’hui, et comme nous venons d’en avoir un petit aperçu, la cravate en apprend toujours sur celui qui la porte. Sa façon de l’arborer, son design, tout rentre en ligne de compte !
Cravates nouées de différent coloris sur fond en bois @big
Les règles dites « établies » :
Les formes
La longueur et la largeur des cravates sont soumises à des préceptes stricts. L’objet se porte toujours au-dessus de la ceinture, surtout pas au-dessous. Pour être parfaite, elle doit à peine toucher la pointe de la boucle de ceinture.
La largeur évolue selon les styles et les saisons. Pour être toujours dans la norme, on peut donc se cantonner à une taille moyenne d’environ 7cm. La slim a connu son heure de gloire ces dernières années mais a tendance à régresser au profit de gabarits plus importants inspirés des années 70-80. Ce qui nous amène sur un terrain un peu glissant, car il faut être très pointu pour assumer ce retour aux formats larges sans tomber dans le has-been total !
En terme de nouage, on aime le nœud simple, celui qui convient à toutes les cravates et à tous les cols de chemises et ne prend pas des heures. Il est aussi appelé « nœud régate » ou « four in hand » par les anglais. Il vient des nœuds de foulards marins « deux demi à capeler » et donner une épaisseur moyenne au tissu.
Le nœud double se porte assez couramment aussi, ainsi que le petit nœud, le Windsor, le demi-Windsor, le nœud Onassis ou croisé.
Grand père qui aide son petit fils a faire un noeud de cravate @big
Techniques :
Comment faire un noeud de cravate simple @big
Nœud simple
On place la cravate à l’endroit puis on fait passer le grand pan sur la gauche et le petit pan sur la droite. Le grand doit être plus long que le petit d’environ trente centimètres.
On fait passer le grand pan de la cravate autour du petit, puis on le fait repasser dessus.
Ensuite on le fait glisser vers le haut en passant derrière le nœud déjà formé. On glisse le grand pan dans ce nœud et on règle le tout.
Nœud double ou double-simple
La « Prince Albert » ou le « Victoria » s’inspire du nœud simple. Il propose juste un deuxième passage du pan de la cravate et s’adapte bien avec les modèles étroits, souples et sur les cols hauts.
Pour cette déclinaison, le grand pan doit dépasser le petit de quarante centimètres environ. On le place sur la gauche et le petit sur la droite. On place le grand au-dessus du petit, puis en-dessous. On fait passer le grand autour du petit deux fois de suite, puis on le place vers le haut en le faisant passer derrière le nœud obtenu, on fait glisser en on ajuste.
Faire un noeud windsor @big
Le Windsor
Rendu très « fashionable » par l’élégant Duc du même nom durant les fameuses années folles, il est remarquable par sa taille plus conséquente que les autres. On l’aime donc sur des cols à grande ouverture, mais aussi avec des cravates plutôt longues et fines. Il est très habillé, et se porte plus fréquemment lors de mariages ou d’évènements particuliers.
On place donc le grand pan à gauche et le petit à droite et à peine au-dessus du nombril. On passe le grand pan au-dessus du petit, puis en passant en dessous du petit, on l’entoure par le côté droit. On fait passer le grand en-dessous du nœud formé puis on entoure le pan de gauche en passant par-dessus. A ce moment précis, on se retrouve avec un nœud à droite et un à gauche. On entoure donc les deux en faisant passer le grand pan au-dessus et en le faisant ressortir par dessous. On le fait ensuite glisser vers le bas en le passant à l’intérieur du nœud formé et on ajuste.
Le Petit Nœud
Idéal pour les cravates larges, épaisses et pour les cols style anglais à petite ouverture, le Petit Nœud est super pour les carrures, les hommes longs et plutôt grands.
On place la cravate à l’envers (coutures apparentes), et le grand pan sous le petit. On fait glisser le grand autour du petit, il doit donc se retrouver devant. On le fait passer derrière le nœud en place et vers le haut, puis on le glisse à l’intérieur avant de régler le tout.
Le nœud croisé
C’est un nœud très élégant mais qui peut se porter très facilement. Son nom provient de la forme en croix que l’on doit obtenir à la fin du nouage et qui nécessite des cravates assez fines et dans des matières plutôt souples. On l’apprécie sur les cravates à motifs mais il a aussi l’avantage de donner un peu de tenues et d’ampleur aux cravates un peu plates.
On place le grand pan à gauche et le petit à droite et à l’endroit. On fait passer le premier au-dessus du second puis en-dessous. On entoure ensuite le second avec le premier du côté gauche. On fait passer le grand pan derrière le nœud formé pour le faire revenir sur la droite et on le fait repasser au-dessus par deux fois. On fait alors ressortir le grand pan vers le haut en passant derrière le nœud, on le glisse à l’intérieur, on serre et on fait apparaître la croix en étirant la boucle avec précaution.
Comme il s’agit d’une manipulation assez compliquée, on peut aussi demander à son tailleur préféré de nous aider à la faire une fois pour toute.
Faire un noeud de cravate demi-windsor @big
Le demi-Windsor
Plus facile à porter que son grand-frère, le demi-Windsor est parfait pour les cravates fines et moyennes et pour les occasions plus ou moins importantes.
On place donc la cravate à l’endroit, grand pan à gauche, petit à droite. Ced ernier à hauteur au-dessus du nombril. Le grand pan vient au-dessus du petit et l’entoure puis passe en-dessous du nœud formé, et repasse par-dessus. On le fait ressortir vers le haut en le passant derrière le nœud, on le fait glisser dans le nœud et on règle le tout…un jeu d’enfant ou presque !
Les goûts et les couleurs
Quand on est fashion compatible, pour rester dans la sobriété et l’élégance en toutes circonstances et surtout éviter les faux pas, le plus simple est de tabler sur des modèles unis et dans des coloris tout terrain comme le noir, le marine, le gris foncé. Pour ceux qui aiment marquer leur personnalité, un peu de texture sera de bon ton, des matières à effets, comme de légers gaufrés donneront tenue et distinction à notre allure.
Pour être au top, on ne restera pas dans le ton sur ton avec la chemise ou le costume et on dépareillera sa cravate ( mais sans ostentation).
Pour les téméraires ou les fashion addicts, les rayures, les pois, les tartans sont un régal à combiner avec tous les styles. Dandy, gentlemen farmer, casual-chic, branchés ou workear sauront jouer les contrastes et la fantaisie surtout pour les fêtes de Noël dans des tons de saison comme des verts sapin, des rouges bordeaux, des bleus canard ou des moutardes lumineux et hyper sympas !
Le top 5 des cravates à s’offrir pour cette fin d’année :
La cravate tricot :
Elle a connu le boom des années 50-60 avec des icônes aussi incroyables que James Dean, Marlon Brando ou James, oui James Bond himself, alias Sean Connery ! Et elle a fait un grand retour ces derniers temps auprès d’un public jeune et en quête d’originalité mais sans excentricité. Elle est chic et facile à la fois et se décline dans de nombreuses matières, coloris et motifs. Elle est super adaptable !
La cravate Mogador :
Pourquoi Mogador ? Parce qu’il s’agit du nom d’un tissu composé d’un mélange de coton et de soie, au tissage dense et lourd convenant vraiment bien aux cravates à nœud simple. On trouve de magnifiques coloris dans ce modèle et des motifs rayés très chics et au tombé impeccable.
La cravate slim :
On vous en a déjà parlé à plusieurs reprises, on vous a dit qu’elle peut être portée version chic ou décontractée, qu’elles sont une merveille avec des chemises près du corps à col français et qu’on les préfère en soie mais pas trop brillante. Ces réminiscences des années 50 ont repris leur place de choix dans nos armoires sans difficulté même si la tendance évolue plus désormais vers un élargissement. On aime qu’elle soit au moins de la même largeur que nos revers de veste de costume pour respecter l’équilibre de la sihouette.
La cravate 6 plis ou 6 folds :
Un must de l’élégance et du savoir-faire des artisans cravatiers. Dans des soies très haut de gamme, elle est composée intégralement à la main avec cette technique des fabricants de la ville de Como en Italie, reconnue dans le monde entier. Un cadeau de Noël inoubliable et indémodable !
La cravate grenadine de soie :
Elle est la star des cravates, tissée sur des métiers italiens séculaires ultra-fins et précis. Sa spécificité de tissage est aussi le croisement des fils de chaîne et des fils de trame ensemble pour un rendu très spécifique. On obtient un tissu à effets et à textures contrastés et un tombé impeccable qui reste toute la journée. Le nœud se fait également très facilement et ne bouge pas. Une cravate prestigieuse car portée par de nombreux hommes d’affaire et de stars de cinéma dans le monde !
Vous l’aurez constaté, la cravate reste un symbole d’élégance, de distinction et d’amour du style, mais elle est aussi une marque de respect des autres et de soi-même. En arborant cet accessoire beaucoup plus important qu’il n’y paraît dans une silhouette, on peut renvoyer de nombreuses images différentes au gré de ses envies, mais surtout marquer son attachement à des valeurs la plupart du temps très positives, de partage d’un certain mode de vie, de raffinement, d’éclectisme et même d’originalité.
La cravate reste un cadeau de Noël imparable et au succès jamais démenti, et comme le dit un jour Oscar Wilde, l’un des plus fervents adepte du dandysme : « Une cravate bien nouée est le premier pas sérieux dans la vie. »… et c’est vrai que le port de la première cravate fait partie des moments forts d’une vie d’homme !
Par Marie Masuyer,
Pour Cravate Avenue - Copyright totalement interdit
Uncette - 06/09/2024 06:29:29
Quel article passionnant ! J'avais toujours vu la cravate comme un simple accessoire formel, mais vous avez vraiment réussi à montrer à quel point elle a évolué pour devenir un véritable symbole de style et de personnalité. J'ai particulièrement apprécié les explications sur l'origine historique et les tendances modernes. C'est intéressant de voir comment un simple morceau de tissu peut véhiculer autant de messages et de significations selon les époques et les cultures. Merci pour cette belle analyse ! Cela me donne envie de repenser la façon dont je porte mes cravates au quotidien.